Trop souvent, à mon gré, dans les
conversations que je peux avoir avec des responsables politiques, de droite
comme de gauche, je ressens une forme de résignation chez mes interlocuteurs:
la candidate d'extrême droite pourrait être élue à la Présidence de la
République.
Je me refuse à imaginer ce
scénario tant il serait lourd de conséquences pour la France et pour les
Français, mais aussi pour l'Europe.
Si, par malheur, on devait en
arriver là, on sait à qui on le devrait, mais, fort heureusement, nous n'y
sommes pas.
J'ai bien conscience que ne pas
concevoir ce scénario n'est pas suffisant pour empêcher qu'il se réalise. C'est
par une argumentation politique de fond que l'on peut s'y opposer.
Il importe d'abord que les
électeurs et les électrices qui ont l'intention de voter pour la candidate FN
au prétexte que tous les autres sont "tous pourris" intègrent bien
les malversations de cette candidate quant à l'usage des fonds publics dont
dispose chaque député européen. Si Monsieur Fillon peut encore bénéficier de la
présomption d'innocence tant que la justice ne s'est pas prononcée, Madame Le
Pen est condamnée, elle, à rembourser les sommes indûment perçues, avant
qu'elle ne fasse l'objet de sanctions pénales.
Il convient ensuite de démonter
la théorie de l'anti-système telle qu'elle est défendue par la candidate
fasciste.
J'observe que la personne chargée
de l'élaboration de son programme est un "énarque", c'est à dire un
pur produit du système, comme l'est d'ailleurs Monsieur Macron, lui aussi grand
pourfendeur de ce même système.
Un éminent historien rappelait
hier, dans le journal Libération, que dans les années 20, la presse nazie s'en
prenait violemment au "système". Cela concernait alors les juifs.
Aujourd'hui, pour l'extrême droite française fortement inspirée par le nazisme,
les boucs émissaires ont changé mais les mêmes attaques demeurent.
Il y a, bien entendu, beaucoup
d'autres arguments de fond pour faire tomber l'aura dont bénéficie la candidate
d'extrême droite. Les candidats républicains devront s'en charger.
Pour l'heure, à deux mois du 1er
tour de l'élection présidentielle, la priorité est de ne pas tomber dans la
résignation.
N'oublions jamais qu'une bataille
politique n'est jamais perdue tant qu'elle n'est pas arrivée à son terme. C'est
d'abord de détermination dont il faut faire preuve.