La campagne
pour l’élection présidentielle du 23 avril prochain aura fait apparaître un
concept sur lequel s’appuient plusieurs candidats : l’antisystème.
Cela n’a
aucun sens, sauf si on veut s’en prendre, sans le dire, à nos institutions et
au fonctionnement démocratique de notre pays.
Régulièrement,
on voit apparaître des vocables qui sont relayés par différents canaux et qui
deviennent la référence politique du moment.
Dans le cas
présent, le paradoxe c’est que tous les candidats y font référence pour tenter
de se positionner en dehors du « système » alors qu’ils en sont tous
issus et qu’ils en ont été les bénéficiaires pour leur permettre d’être
aujourd’hui dans la position qui est la leur.
La
situation la plus choquante est incontestablement celle de la candidate
d’extrême-droite. Elle dénonce, dans tous ses discours, ce système qu’elle
combat mais l’utilise pour reculer les poursuites judiciaires dont elle devrait
être l’objet. S’abriter derrière l’immunité parlementaire, n’est-ce pas
utiliser les dispositions institutionnelles du « système » ?
La
démagogie est toujours difficile à démonter. On est en plein dedans.
Loin de moi
l’idée qu’il faille pérenniser les dispositifs qui sont aujourd’hui attaqués de
toutes parts. Une société doit évoluer sauf à se scléroser.
Il importe
donc d’adapter en permanence ses modalités de fonctionnement. Ce sont les
projets politiques des candidats qui devraient faire apparaître clairement et
simplement les changements proposés pour améliorer notre vie collective.
En 2012,
François Hollande, en s’engageant à créer une Banque publique d’investissement
ou à développer l’économie numérique ou à permettre le départ à la retraite à
60 ans pour ceux qui auront cotisé la totalité de leurs années ou à ouvrir le
droit au mariage pour tous ou à sécuriser les parcours professionnels ou à
créer 60 000 postes dans l’éducation nationale et la liste n’est
évidemment pas exhaustive, aura contribué très fortement à modifier le
« système » décrié.
Mais, c’est
commode de désigner à la vindicte publique, un thème qui devient le
bouc-émissaire et qui permet de masquer les véritables intentions.
Pour que la
démagogie cesse de mettre à mal la République et ses règles, le sens critique
des citoyens est, plus que jamais, la seule arme qui puisse la rejeter.