Je
n’ai jamais connu de salarié, qu’il soit du secteur privé ou du secteur public,
qui fasse grève pour porter préjudice aux autres. N’oublions jamais que c’est
le gréviste lui-même qui est le premier lésé. Il perd une journée de salaire,
parfois davantage quand le mouvement dure, comme c’est le cas aujourd’hui pour
les cheminots.
Quand
on sait que le salaire mensuel est généralement inférieur à deux mille euros,
c’est, au bas mot, au moins soixante euros par jour de grève qui manqueront à
la fin du mois.
Alors,
il faut cesser de présenter les grévistes comme des fauteurs de trouble.
Bien
sûr, les usagers des transports ferroviaires, et j’en suis, les professionnels
du tourisme, les entreprises qui sont en rupture de stock, et ceux qui voudraient
profiter de quelques jours de vacances pour se déplacer, tous ces gens ont à
pâtir de l’arrêt de travail de ceux qui habituellement, tous les jours de
l’année, permettent une vie collective normale.
Notre
économie commencerait à ressentir négativement les conséquences de la grève à
la SNCF. C’est sûrement vrai.
Plutôt
que de s’en prendre aux grévistes, il conviendrait de rappeler les causes de la
situation ainsi créée.
Personne
ne conteste la nécessité d’adapter notre système ferroviaire à la dimension
européenne qui constitue, aujourd’hui, notre avenir. Le confort des usagers qui
passe par la qualité du matériel et des infrastructures, ainsi que par le
respect des horaires annoncés, doit être la priorité pour les dirigeants de la
SNCF.
Mais
ce sont aussi et d’abord les responsables politiques, le Chef de l’Etat et son
gouvernement, qui ont le devoir de dégager les moyens nécessaires.
Or,
que fait le Président de la République ?
Des
effets d’annonce, comme d’habitude : oui, l’Etat reprendra à son compte le
déficit de 45 milliards d’euros de la SNCF. Comment ? Quand ? On
l’ignore. L’annonce sert à calmer les esprits, à démontrer à l’opinion que l’on
fait le geste attendu. Elle ne résout pas le problème.
Pour
détourner l’attention davantage encore, on affiche la volonté de modifier le
statut des cheminots en soulignant à l’envi des avantages extraordinaires.
Là
encore, n’oublions pas que ce statut est le résultat de décisions des pouvoirs
publics répondant à des revendications légitimes et parfaitement justifiées
quand elles se sont exprimées.
On
sait pertinemment que la remise en question du statut ne permettra absolument
pas de régler la nécessaire réforme du transport ferroviaire.
« No
chance », affirme Monsieur MACRON, avec son arrogance coutumière, en
anglais, à la télévision américaine. Aucun compromis n’est donc envisagé pour
mettre fin à ce conflit social.
Ce
n’est sûrement pas la bonne méthode pour retrouver la cohésion sociale dont
notre pays a besoin. Les coups de menton n’ont jamais réglé les problèmes en
profondeur.