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jeudi 26 avril 2018

N'oublions pas


Je n’ai jamais connu de salarié, qu’il soit du secteur privé ou du secteur public, qui fasse grève pour porter préjudice aux autres. N’oublions jamais que c’est le gréviste lui-même qui est le premier lésé. Il perd une journée de salaire, parfois davantage quand le mouvement dure, comme c’est le cas aujourd’hui pour les cheminots.

Quand on sait que le salaire mensuel est généralement inférieur à deux mille euros, c’est, au bas mot, au moins soixante euros par jour de grève qui manqueront à la fin du mois.

Alors, il faut cesser de présenter les grévistes comme des fauteurs de trouble.

Bien sûr, les usagers des transports ferroviaires, et j’en suis, les professionnels du tourisme, les entreprises qui sont en rupture de stock, et ceux qui voudraient profiter de quelques jours de vacances pour se déplacer, tous ces gens ont à pâtir de l’arrêt de travail de ceux qui habituellement, tous les jours de l’année, permettent une vie collective normale.

Notre économie commencerait à ressentir négativement les conséquences de la grève à la SNCF. C’est sûrement vrai.

Plutôt que de s’en prendre aux grévistes, il conviendrait de rappeler les causes de la situation ainsi créée.

Personne ne conteste la nécessité d’adapter notre système ferroviaire à la dimension européenne qui constitue, aujourd’hui, notre avenir. Le confort des usagers qui passe par la qualité du matériel et des infrastructures, ainsi que par le respect des horaires annoncés, doit être la priorité pour les dirigeants de la SNCF.

Mais ce sont aussi et d’abord les responsables politiques, le Chef de l’Etat et son gouvernement, qui ont le devoir de dégager les moyens nécessaires.

Or, que fait le Président de la République ?

Des effets d’annonce, comme d’habitude : oui, l’Etat reprendra à son compte le déficit de 45 milliards d’euros de la SNCF. Comment ? Quand ? On l’ignore. L’annonce sert à calmer les esprits, à démontrer à l’opinion que l’on fait le geste attendu. Elle ne résout pas le problème.

Pour détourner l’attention davantage encore, on affiche la volonté de modifier le statut des cheminots en soulignant à l’envi des avantages extraordinaires.

Là encore, n’oublions pas que ce statut est le résultat de décisions des pouvoirs publics répondant à des revendications légitimes et parfaitement justifiées quand elles se sont exprimées.

On sait pertinemment que la remise en question du statut ne permettra absolument pas de régler la nécessaire réforme du transport ferroviaire.

« No chance », affirme Monsieur MACRON, avec son arrogance coutumière, en anglais, à la télévision américaine. Aucun compromis n’est donc envisagé pour mettre fin à ce conflit social.

Ce n’est sûrement pas la bonne méthode pour retrouver la cohésion sociale dont notre pays a besoin. Les coups de menton n’ont jamais réglé les problèmes en profondeur.