J’ai
suivi, d’un bout à l’autre malgré sa longueur, la prestation télévisée du
Président de la République, ce dimanche soir. Lorsqu’elle a été terminée, je me
suis demandé ce qu’il fallait en retenir.
Assurément
rien si on attendait une explication politique des décisions qu’il a prises
depuis son élection. Ces décisions découlent d’une orientation qui a toujours
été celle du secrétaire général adjoint de l’Elysée, du banquier, du ministre
de l’Economie qu’il a successivement été au cours du précédent
quinquennat : une orientation libérale.
On
met souvent en avant l’argument selon lequel Monsieur MACRON serait un
« bébé Hollande ». C’est vrai que François HOLLANDE lui a fait
confiance à plusieurs reprises. Il s’en explique dans son livre « Les
leçons du pouvoir ». Pour avoir moi-même pratiqué ce mode de
fonctionnement, à savoir faire confiance a priori, je ne jette pas la pierre.
La déception qui découle de la duplicité ou de la trahison doit rapidement
laisser la place à la détermination, celle de continuer l’action dans laquelle
on est engagé en faisant fi des scories. Je sais de quoi je parle.
De
cette interview, je retiendrai surtout la forme. Le Chef de l’Etat savait à
quoi s’en tenir sur ses deux interlocuteurs. Leur pugnacité, leur insolence,
leur mauvaise foi parfois sont bien connues de celles et ceux qui suivent la
politique française.
Nous
savions que nous n’aurions pas la suavité et la complaisance de Monsieur
PERNAUT.
Bravo
donc aux deux journalistes qui auraient gagné en dignité et en sérieux s’ils
avaient porté cravate. C’est mon côté « ancien monde » que je
revendique.
Monsieur
MACRON ne fut donc pas surpris de se voir interpeler de la sorte, parfois avec
irrévérence, mais il l’avait voulu. Son mode d’intervention était donc tout
trouvé : il fallait parler, parler, parler longuement pour que ses
interlocuteurs aient le moins possible l’occasion de le mettre en difficulté.
On
était loin de la méthode choisie par François HOLLANDE : une conférence de
presse avec un exposé préliminaire suivi des questions, parfois impertinentes,
des journalistes.
La
méthode MACRON, c’est un ton péremptoire, un côté « roquet » et le
déferlement de paroles pour noyer l’auditoire.
Cela
ne fait pas une politique au service de tous les Français, riches ou pauvres,
jeunes ou vieux. Dans son besoin de se justifier, Monsieur MACRON les a trop
oubliés, ceux qui s’expriment aujourd’hui à travers de nombreux mouvements
sociaux.
Si
un Président de la République a le devoir de parler à ses concitoyens, cela
exige davantage de considération à leur égard. C’est ce qui lui a manqué
dimanche soir.